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→ Définition : 

L’art dégénéré (Entarte Kunst, en allemand) était le genre adoptée par le régime nazi pour interdire l'art moderne en faveur d'un art classique officiel appelé l' « art héroïque ». Le terme « art dégénéré » fut prononcé la première fois par Joseph Goebbels.

Art racial "pur" officiel
art "dégénéré"
Hitler

L' « Art dégénéré »

La Chambre de la culture du Reich fut créé en septembre 1933. Elle était chargée de contrôler toute la culture en Allemagne : le cinéma, la musique, le théâtre, la presse, la littérature, les beaux-arts et la radio. Les nazis souhaitaient mettre en avant et glorifier la paysannerie, « l'Aryen » et l'héroïsme de guerre. Ceci était mis en opposition avec l'art moderne comme la peinture abstraite, qualifiée « d'art dégénéré », de « bolchevisme artistique » et de « bolchevisme culturel ».

 

Dans leur théorie, l'art héroïque symbolisait l'art racial pur, alors que les œuvres modernes différaient de la norme de beauté classique. Les artistes de « races pures » faisaient de l’art « racial pur », et les artistes modernes, et donc considérés comme inférieurs racialement créaient des œuvres d’art dégénéré. D'abord appliqué aux arts tels que la peinture et la sculpture, l’appellation d’art dégénéré pouvait ensuite désigner la musique (Schönberg, Bartok, par exemple, mais aussi la musique swing, jazz), la littérature ou le cinéma (Max Ophüls, Fritz Lang, Billy Wilder).

 

 

Adolf Wissel, peintre officiel de l'art nazi.

« Famille paysanne de Kahlenberg » (1939), considéré comme « art héroïque »

Otto Dix, dessin au fusain (1919), considéré comme « art dégénéré »

Hitler déclare « Le Cubisme, le Dadaïsme, l’Impressionnisme, l’Expressionnisme sont complètement sans valeur pour le peuple allemand ». En 1935, est organisé la première exposition des « art dégénérés » à Nuremberg. Deux ans plus tard, la Maison des Arts allemands de Munich présente une exposition d' « art dégénérés », dans laquelle des œuvres moderne d’artistes connus (Otto Dix, Max Ernst, Marc Chagall…), des dessins d'enfants et ainsi que des réalisations d’ handicapés mentaux sont exposées parallèlement à des œuvres d’art officiel.

 

 

La production d’images faisant allusion à la famille de la nouvelle Allemagne était un sujet important pour Hitler et le parti nazi. Adolf Wissel peint « Famille paysanne de Kahlenberg » en 1939. Il montre l’organisation de la hiérarchie familiale.

On aperçoit le père qui voue un respect profond à sa mère qui se trouve à droite de la toile. Il s’agit d’un jeune couple qui a déjà trois enfants, ce qui montre l’attention portée à ce moment à la procréation de la « race aryenne ».

Les yeux des personnages sont tous identiques de même que les cheveux.

Le garçon assis sur les genoux de son père fixe le spectateur afin de lui rappeler qu'il assumera les responsabilités familiales quand le père décèdera. Le visage de la grand-mère posé sur le garçon signifie qu’elle aussi comprend les responsabilités qui attendent ce jeune garçon car il est le symbole de la poursuite des traditions.

→ Analyse du tableau « Famille paysanne de Kahlenberg » d'Adolf Wissel : 

→ La musique : 

Dès le milieu du XIXème siècle, la musique apporte deux aspects essentiels à l’idéologie 

nazie, l’antisémitisme et le nationalisme.

 

Le riche héritage musical de l’Allemagne (Bach, Beethoven, Brahms, Wagner, Handel) est

utilisé par Hitler afin de promouvoir la supériorité de la « race aryenne ». En effet, 

l‘idéologie est celle de la dictature nazie et la musique une arme de propagande. Ainsi

Bruckner, Bach et surtout Beethoven sont utilisés. La Neuvième Symphonie de Beethoven

devient d’ailleurs l’œuvre de référence de l’Orchestre philharmonique de Berlin.

 

 

Toutes les œuvres composées par des Juifs ou par des personnes opposées au régime sont

interdites. Les nazis appelaient toute musique qui ne correspondait pas aux normes de l’art

officiel, musique « dégénérée » (Entartete musik). Ils considéraient comme musique

« dégénérée », la musique des années trente, qui allait de la musique atonale au jazz.

Dès leur arrivée au pouvoir, les dirigeants nazis entreprirent une éradication de « l'art

dégénéré ».

 

 

Les musiciens, comme les autres artistes de l’époque avec leur propre art, essayaient de décrire le monde qui les entourait à l’aide de la musique. Mais toute musique expressionniste comme le jazz, ou utilisant l’atonalité est interdite et classée comme dégénérée.

À partir de 1938, des exemples de musique dégénérée sont présentés au public lors d'exposition.

Le parti nazi s’acharna essentiellement sur trois compositeurs : Meyerber, Mendelssohn, Mahler. La statue de Mendelssohn à Leipzig fut détruite, la rue qui portait son nom fut rebaptisée du nom d'Anton Bruckner, et enfin un grand concours fut organisé pour recomposer son œuvre « Songe d'une nuit d'été » dans une version aryenne.

Ces trois compositeurs étaient considérés comme la source de la dégénérescence juive au sein de la musique romantique allemande au XIXe siècle. Dès 1933, les programmes de musique classique à la radio sont contrôlés. Mendelssohn est pratiquement interdit de diffusion,  Wagner et les autres musiciens acceptés par le parti sont eux matraqués sans cesse en concert et à la radio, dans les défilés, et dans les célébrations.

 

Selon les sources, les nazis auraient persécutés entre 5 000 et 8 000 musiciens.

Affiche nazie représentant la musique dégénéré (1938)

Giacomo Meyerbeer, Le Prophète (1849)

Felix Mendelssohn, Concerto pour violon en ré (1823)

Richard Wagner, Le Vaisseau fantôme (1843)

→ La musique : 

Visite d'Hitler à l'exposition sur l'« art dégénéré » en 1937

L'exposition devait convaincre le public que l’art moderne était totalement dégénéré. Hitler souhaitait démontrer l’aspect malsain, impur et pathologique de cet art moderne. L’entrée de l’exposition était interdite aux mineurs pour les « protéger ». Plus de 16.000 œuvres d'art moderne ont étaient qualifiées de « dégénérées » en 1937 par une « commission d'art dégénéré » dirigée par Hitler et Goebbels. Toutes les œuvres d’art considérées comme dégénérées qui se trouvaient sur le territoire allemand ont été soit détruites, soit revendues aux enchères au profit du régime nazi. La plupart des artistes choisissent l’exil et fuient l’Allemagne nazie. Ceux qui restent vivent sous la terreur. Il leur est interdits pour eux d’exercer leur art, ils sont placés sous surveillance policière.

Hitler

Tableau de Max Ernst, L'ange du foyer, 1937

Hitler

Tableau de Marc Chagall, La Crucifixion blanche, 1938

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